Référendum de 69 : la participation des salariés, une occasion manquée

Lille, Le 27 avril 1969, CGT, CFDT, FO : la plupart des syndicats n'adhèrent pas au projet et votent non à la proposition référendaire. Seule la CFTC y voit une avancée sociale. Le partage des fruits de la croissance et du pouvoir de gestion dans les entreprises entre salariés et patrons figurait en filigrane dans le projet référendaire . Les patrons prirent peur et quelques syndicats contestèrent le projet, toujours en jachère cinquante ans après. Seul. Une fois encore, seul. Abandonné par une partie des siens, peut-être pour une poignée de mots prononcés à la télévision le 25 avril 1969, l'avant-veille du scrutin référendaire : « Associer la représentation des activités productrices et les forces vives de notre peuple à toutes les mesures locales et législatives […] La participation fait partie intégrante de la réforme qu'exige désormais l'équilibre de la société moderne. La refuser, c'est s'opposer à cette transformation sociale, morale, humaine. » Ces fameuses « forces vives » savent lire entre les lignes du Général et voient très vite dans le vieux thème gaulliste de la participation une menace pour leur pré carré et leurs intérêts. Dont acte : patrons d'industrie, centrales syndicales et même alliés politiques ne joueront pas le jeu et pour beaucoup voteront non en connaissance de cause. « La fusion du Sénat et du Conseil économique et social devait accélérer le projet de participation pour associer les salariés au profit mais aussi à la gestion des entreprises sous la houlette de l'Etat. Ce dessein-là n'enchantait pas tout le monde », décrypte Jacques Godfrain, président d'honneur de la Fondation Charles-de-Gaulle et spécialiste du sujet. LES "FORCES VIVES" VOIENT DANS LE THÈME GAULLISTE DE LA PARTICIPATION UNE MENACE POUR LEUR PRÉ CARRÉ Aujourd'hui, avec cet art consommé de passer toute notion à l'édulcorant managérial, les consultants et autres gourous de la stratégie parleraient gentiment de « gouvernance d'entreprise », mais le projet en gestation tient d'une véritable révolution, du changement radical imaginé par quelques gaullistes de gauche, sans couteau entre les dents mais armés de solides connaissances juridiques et économiques. Tels René Capitant, alors ministre de la Justice, et Louis Vallon, député de Paris mais surtout auteur en 1965 d'un amendement fameux, hardi et fondateur de la doctrine sociale du gaullisme. Franck Dedieu

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